En regardant plus loin dans les vastes archives de Vivian Maier

”Il y a le mystère de Vivian Maier la personne, et il y a le mystère de Vivian Maier l’œuvre », explique Anne Morin, commissaire de l’exposition et qui a déjà supervisé des expositions de Robert Doisneau et Jacques Henri Lartigue. Ce mystère imminent a suscité des débats sur le consentement et sur la question de savoir si la présentation d’un corpus que Maier n’a jamais elle-même présenté est éthique. Morin reconnaît: « Bien sûr, nous abordons des questions d’intégrité morale. Mais nous accomplissons un devoir de mémoire avant tout. Lorsque nous montrons son travail, nous lui rendons justice; nous lui rendons hommage. Nous complétons le dossier historique, ce qui n’a pas été fait de son vivant. »Morin se limite à la » sphère du visible  » et distingue que « nous ne sommes pas invités dans la sphère de sa vie – ces mystères n’appartiennent qu’à elle. C’est comme la malédiction de la momie: il y a des choses que vous ne touchez tout simplement pas.”

L’histoire de Maier a finalement eu un impact mondial car « elle n’a pas d’identité tangible. Elle te parle, elle me parle…. tout le monde se reconnaît. Il y a un aspect liquide chez elle”, note Morin. Néanmoins, elle précise que la capacité des autres à se projeter sur elle ne minimise pas son agence. Les extraits de films de Maier constituent un exemple clé, nous montrant non seulement ce qu’elle voit, mais la manière dont elle regarde activement.

L’exposition de la Galerie MK présente 146 photographies en noir et blanc et en couleur–pour la plupart des années 1950 et 1960–ainsi que des films Super 8 et 16 mm et des enregistrements audio. Morin décrit l’exposition comme transmettant “l’architecture de l’archive, qui est colossale ». Elle décrit Maier comme un chiffonnier, un collectionneur de chiffons et d’os du 19ème siècle. À ce titre, le rôle de commissaire de Morin était de « trier le maremágnum ». Morin s’intéressait autant à la périphérie de l’archive qu’à la production photographique. Elle a découvert des livres de photographie appartenant à Maier par Arnold Newman, Thomas Struth, Ron Galella et Berenice Abbott, et il y a des preuves qu’elle a vu l’exposition phare La Famille de l’Homme au MoMA en 1955, Morin a passé une décennie à se familiariser avec le contenu des archives de Maier et a voulu fournir une sorte de “restitution” de la vision de Maier.